Peut-on apprendre à entreprendre? La question de la légitimité est inhérente à la création d'entreprise. Se sentir illégitime est un facteur d'échec. Pourtant, le "syndrome de l'imposteur" est fréquent chez les entrepreneurs, en particulier jeunes ou avec peu d'expérience. Et si cultiver votre légitimité était l'une des clés du succès?
Peut-on apprendre à entreprendre? Quand on a peu (voire pas) d'expérience ou de diplôme, se pose bien souvent la question de la légitimité.
Le syndrome de l'imposteur
Le syndrome de l'imposteur est une expérience que connaissent beaucoup d'entrepreneurs. On l'appelle aussi "syndrome de l'autodidacte". Théorisé en 1978 par Pauline Clance et Susanne Imes, il désigne un
manque de confiance en soi associé à un fort sentiment d'anxiété. Il apparaît fréquemment lors de phases transitoires de la vie professionnelle (ou personnelle). Premier emploi, nouveau grade, première création d'entreprise, expansion à l'international...
Les personnes qui font l'
expérience de l'imposture jugent que leur travail ou leur succès n'est dû qu'à des facteurs externes. La chance, les circonstances, les personnes: tout est prétexte à justifier la réussite, tant qu'il ne s'agit pas de leurs propres capacités.
Se sentir illégitime peut être une
cause d'échec. Les entrepreneurs imprègnent la culture de leur entreprise de leur parcours, de leur savoir-faire, mais aussi de leur savoir-être. Cela signifie que le caractère d'un fondateur a un
impact significatif sur la création de valeur de l'entreprise.
Si un entrepreneur se sent "illégitime", il doit davantage se demander "pourquoi", c'est-à-dire en déceler les causes, et non "comment" le devenir.
La légitimité, essentielle pour réussir
Diplômes, années d'expérience, références: ce sont les outils qui, généralement, justifient la légitimité d'un entrepreneur. C'est ce sur quoi s'attardent les organismes financiers pour décider de soutenir ou non un projet. Ces éléments donnent des "raisons" de faire confiance. A contrario, le jeune âge, le manque d'expérience ou l'absence de diplôme sont
sources de réticences. Ce sont des motifs de refus lorsqu'il s'agit de soutenir financièrement la création ou la reprise d'une entreprise.
Créer une entreprise sans expérience requiert donc de porter l'argumentation sur d'autres preuves de sa légitimité (être entouré d'une
équipe solide, d'
experts en création d'entreprise...).
La réticence des organismes financiers s'explique aussi par le fait que 50% des jeunes entreprises ne dépasseront pas les cinq ans d'activité. La théorie du business plan se révèle souvent imparfaite et doit apprendre à s'adapter progressivement à son marché. C'est d'ailleurs ce qui pousse la plupart des start-ups à
opérer un pivot dans leurs premières années. De plus, comme l'a démontré il y a peu la pandémie de coronavirus, la conjoncture peut aussi changer considérablement les perspectives d'évolution des plus jeunes sociétés, souvent fragiles.
Ces circonstances renforcent autant les doutes des organismes financiers que des dirigeants les moins expérimentés.
Cultiver sa légitimité
La légitimité n'est pas innée. Pourtant, un entrepreneur qui se sent légitime ne se pose même pas la question. Cela ne veut pas dire qu'il ne connait pas les doutes et les découragements: ils sont perçus et abordés différemment. C'est une question d'état d'esprit, et avoir un "
mindset d'entrepreneur" se travaille.
La légitimité peut se cultiver de plusieurs manières: grâce aux remerciements et aux feedbacks de clients, l'obtention de récompenses, le développement de partenariats commerciaux... Toutes les réussites d'une entreprise sont des preuves de la légitimité de son fondateur. Néanmoins,
légitimité et humilité doivent aller de pair. Se sentir légitime ne doit pas être synonyme d'excès de confiance en soi.
Il est aussi important de garder à l'esprit que les créateurs d'entreprise ont souvent des
profils très hétérogènes. On peut être jeune, sans expérience et avoir, malgré tout, la volonté d'entreprendre. C'est peut-être le moteur le plus essentiel et le plus efficace pour apprendre à cultiver sa légitimité.